
Jeu mot facile j’en conviens, mais ayant choisi de parcourir le long d’un sentier les paysages de l’eau de la métropole nantaise, il me fallait aller à la rencontre de ce port que les Nantais ne semblent plus connaître, mais qui se rappelle pourtant à eux lorsqu’ils empruntent le pont de Cheviré. Créé après la seconde guerre mondiale et s’étant développé à la suite du déplacement des activités portuaires de l’île de Nantes vers l’aval de la Loire, autrefois propriété de l’État, Cheviré fut institué en grand port maritime par la loi portant réforme portuaire du 5 juillet 2008. Cette nouvelle entité est maintenant propriétaire de son foncier et « assure l’accès maritime, la sécurité et la sûreté ».

A partir de là, le port s’est un peu plus renfermé sur lui-même, étant déjà à la lisière de la ville, en érigeant des barrières contrôlant ses accès à terre, veillant principalement à empêcher tout accès indésirable de véhicules. Mais le piéton, qu’il vienne de Trentemoult ou de Bouguenais, par l’est, le sud ou l’ouest, trouvera tout de même un accès dérobé pour pénétrer la forteresse.

Cette caractéristique, celle d’une carapace apparemment imprenable, fut pour moi ce trouble, déclencheur d’un intérêt pour ce site.
Désormais, où qu’il aille, le marcheur se trouvera plongé dans le paysage atypique d’un environnement aux échelles distendues, méritant d’être observé, contemplé même. En poursuivant l’exploration à travers ce site pensé pour la circulation des poids lourds, je constate que la place du piéton n’a clairement pas été envisagée. Malgré des rues aux larges accotements (où même les arbres paraissent plus grands !) et l’immensité du terre-plein laissé libre le long des berges, aucun agrément n’est offert lorsqu’on traverse ces espaces.


Et pourtant c’est un site qui vaut le détour, par les points de vue qu’il offre sur la ville en amont et sur la rive nord de la Loire, par le caractère suranné des anciens quais de déchargement, par la possibilité qu’il offre de se confronter à ce colosse qu’est le pont de Cheviré, seul dans le ciel lorsque nous sommes à ses pieds.


